Delphine Bellon, documentaliste à Euronews : « On ne voit jamais la même chose »

Depuis 15 ans, Delphine Bellon travaille au sein de la vidéothèque d’Euronews, un métier essentiel au support des journalistes.

Son parcours a toujours été tourné vers l’art. Suite à un baccalauréat option audiovisuel au lycée Lumière, Mme Bellon s’est ensuite formée à l’histoire de l’art à l’université Lyon 2. Bien que passionnée par le sujet, elle a cependant souhaité se tourner vers une formation plus technique après sa licence. C’est pourquoi elle a intégré le DUT Information-Communication option GIDO (Gestion de l’Information et du Document dans les Organisations) en 2002. Son objectif, après ce diplôme, était d’entrer dans la vie professionnelle.

Et elle y est parvenue ! Mme Bellon a intégré la bibliothèque des sciences de l’ENS pour un CDD d’un an de remplacement. N’oubliant pas son intérêt pour l’audiovisuel, elle a ensuite effectué plusieurs candidatures spontanées et notamment chez Euronews.

« J’avais toujours gardé Euronews dans un coin de ma tête »

Delphine Bellon

Nouvel objectif rempli. Ses atouts lors de sa candidature ? Son bagage culturel et une double compétence en histoire de l’art et en technique de gestion de l’information.

Cependant, la stabilité n’a pas été tout de suite de mise. Elle a tout d’abord été embauchée avec un statut d’intermittent jusqu’en 2013. C’est pourquoi elle a dû compléter la liste de ses employeurs de 2009 à 2010 en travaillant en tant que documentaliste pour France 3 Lyon, Grenoble et Clermont-Ferrand. Elle effectuait également un autre emploi à temps partiel dans le design et était en même temps vacataire à l’IUT pour le cours de gestion de vidéothèque suite à la demande de Valérie Larroche, qui enseigne aujourd’hui à l’ENSSIB.

Euronews, une chaîne de télévision vivante à la croisée des cultures

Mais qu’est-ce qu’Euronews ? Ce bâtiment en dentelle verte est une petite fierté régionale. Bien que celui-ci ait été inauguré en 2015, la chaîne de télévision européenne multilingue d’information en continu existe et siège à Lyon depuis 1993. Son fonctionnement est simple : les journalistes travaillent avec une base de sujets et d’images en commun et chacun les traite ensuite à l’aune de sa langue et sa culture ce qui permet une multiplicité des points de vue.

C’est un vrai lieu de rencontres cosmopolite à l’image de l’Europe. Il est réparti sur 6 étages :

  1. Les rédactions de la France, de l’Espagne, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Portugal et de l’Italie. On retrouve également les plateaux et une petite enclave de la vidéothèque.
  2. Les équipes russes, turques, arabes et farsis ainsi que les équipes numériques.
  3. Consacré à la technique
  4. Les ressources humaines et le planning
  5. Le bureau officiel de la vidéothèque ainsi que les salles de montage et de mixage des magazines
  6. Les présidences

Pour les journalistes, ils sont installés en banc selon les pays. Ils peuvent travailler depuis leur poste et enregistrer directement avec leurs micros. Ils font généralement tout depuis le script jusqu’au montage.

Au passage, il vaut mieux se munir d’un peu de jargon pour s’y retrouver :

  • Shift : un poste de travail
  • Newsroom : salle de rédaction
  • Média : reportage
  • News deck : « tour de contrôle » pour vérifier les informations, les reportages et les lives. On dénombre pas moins de deux ordinateurs par bureau. Ils sont installés devant un mur d’écrans qui diffusent souvent des images de l’AFP. A noter d’ailleurs que celle-ci est devenue une agence et propose désormais ses propres reportages
Le newsdeck d'Euronews
Le newsdeck d’Euronews

Dès qu’une personne nécessite une image, Mme Bellon et son équipe de cinq personnes sont présentes et se relaient de 7 à 23 heures.

Documentaliste en vidéothèque, traiter l’information et savoir répondre aux demandes

Les deux missions principales de Mme Bellon sont :

  • Faire de la recherche dans les archives pour les journalistes ou les administratifs
  • Nourrir la base de données, indexer les nouveaux médias et les rush de tournage

Plus ponctuellement, elle peut réaliser :

  • Un projet, comme par exemple effectuer une synthèse des droits d’utilisation selon sources et les pays
  • Tous les mois, il faut effectuer une purge, charmant terme signifiant qu’il faut voir ce qu’il faut conserver ou non dans les archives d’il y a 4 ans
  • Préparer des nécrologies sur des personnalités dans tous types de secteurs (politique, culture, économie…)

Enfin, il peut y avoir occasionnellement des pics d’activité au sein d’Euronews. Tous les ans, le mois de décembre est le mois de préparation du « Book of the Year », qui relate par thème les événements marquants de l’année. On peut également penser aux élections américaines qui rythmeront les actualités jusqu’en janvier 2021. Durant ces périodes intenses et sur les heures de grande écoute (de 12 à 16 heures), « la chaîne ressemble un peu à une fourmilière », explique Mme Bellon.

Un métier qui évolue mais qui reste une valeur ajoutée pour une organisation

Avec le passage au tout numérique depuis quelques années, il est certain que le métier a bien changé. Plus besoin d’aller rechercher les cassettes et les régler sur le bon moment. Cependant, cela nécessite de posséder de plus en plus de compétences techniques. Tout étant sur serveur, mieux vaut être au goût du jour car ça peut très vite devenir chronophage et agaçant.

« Il faut savoir se débrouiller en informatique pour ne pas avoir à déranger la DSI (Direction des Services Informatiques) tout le temps »

Delphine Bellon

Autre compétence essentielle, la maîtrise de l’anglais. L’indexation ne se fait désormais que dans cette langue. Rajoutez enfin à ce cocktail une bonne dose de culture générale car « il faut percuter vite » dans ce métier où l’information dite « chaude » file à tout allure. Cela implique également de savoir être organisé, rigoureux et avec une bonne résistance au stress. En effet, il n’est pas toujours évident d’avoir de temps à autre une amplitude horaire de 12 à 23 heures et d’être seul le soir dès 18 heures.

Bien que chacun puisse désormais indexer en langage libre, le métier de documentaliste reste essentiel. Il est plus précis dans l’indexation et c’est un vrai travail d’investigation pour trouver la bonne information. Cette persévérance requiert du savoir-faire et permet un vrai gain de temps. C’est un travail sur l’instant qui nécessite de suivre les actualités et qui laisse cependant moins de place pour des projets, ce qui peut être sur le long terme moins engageant.

A noter enfin que depuis cette année, le workflow a changé. Les images sont dorénavant indexées sur les serveurs des agences et non plus sur les serveurs d’Euronews, ce qui signifie que les images ne leur appartiennent plus en propre. Des problématiques peuvent dès lors se poser sur la question de la valeur du patrimoine, la durée du prêt ou bien encore la gestion des droits numériques.


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