Ecriture inclusive : explications et usages d’une rédaction non sexiste

Why not , tag (pourquoi pas). Image libre de droit, Unsplash.

Source de débats et confrontée à de nombreuses polémiques, l’écriture inclusive fait parler d’elle. Elle se nomme aussi langage ou rédaction épicène, langage neutre, ouvert, non-sexiste… Cette pratique linguistique vise à assurer l’égalité des genres en termes de syntaxe. Elle ne se réduit pas au point médian (·) mais englobe différents usages. L’emploi du masculin générique se voit repensé sous un nouveau jour.

L’écriture inclusive : quézaco ?

L’écriture inclusive désigne un type de rédaction qui cherche à éviter toute discrimination sexiste. Son attention porte sur le choix des mots, la syntaxe, la grammaire et la typographie. Il s’agit d’un ensemble de principes. L’objectif est d’octroyer plus de visibilité à la forme féminine. D’autre part, elle permet de neutraliser au maximum les termes. A contrario, la règle majoritairement adoptée est celle du masculin l’emportant sur le féminin. Dès lors, le masculin s’apparente (à tort) à un genre neutre. Cette règle reflète une asymétrie ancrée dans notre société et notre vision des genres. L’écriture inclusive se présente comme une solution plus équitable en termes de visibilité et de représentation.

Elle est apparue dans la langue française dès les années 80, grâce aux mouvements féministes. Les accords en fonction du genre sont alors introduits pour féminiser les fonctions, les métiers, etc. D’après l’historien du langage Bernard Cerquiglini, le français n’était pas aussi masculinisé avant le 17è siècle.

Le pays francophones ne sont pas les seuls à voir leur langue évoluer. L’écriture inclusive s’applique aussi en :

  • allemand
  • espagnol
  • italien
  • suédois…

D’autres langues comme l’anglais ont un pronom non-genré. Par exemple, they s’utilise à la 3e personne du singulier lorsque l’identité du sujet est inconnue ou non binaire (iel). De même, ce pronom s’emploie au pluriel (ils/elles/iels).

Différentes manières d’appliquer la parité linguistique

Les inégalités de genre sont inhérentes à la langue. Changer nos manières d’écrire peut contribuer à la progression de cette égalité. Pour choisir la meilleure solution, l’idéal est de procéder par élimination. Au fur et à mesure de les employer, les choix se font plus rapidement. L’emploi du masculin générique étant à éviter au maximum.

L’écriture inclusive se décline sous différents usages :

Accorder les noms de métiers, titres…

La féminisation des mots peut s’appliquer à presque tous les métiers. Aucun obstacle de principe ne peut entraver cette pratique linguistique. “Chef” peut se transformer en “cheffe”, “docteur” en “docteure” (voire doctoresse), “abbé” en “abbesse”… En règle générale, les terminaisons en -teur deviennent -trice, -eur deviennent -euse, etc. Certains titres sont plus facilement féminisés que d’autres dans le langage courant. Des discussions perdurent par exemple sur le terme “autrice” qui est délaissé pour “auteure”. De même, “maire” peut se changer en “mairesse” ou rester ainsi. On parle alors d’un nom épicène.

Employer les termes épicènes

Les termes épicènes s’utilisent au masculin et au féminin, sans variation de forme. Plus générique, “la main d’œuvre » remplace aisément “les travailleurs et les travailleuses”. Tout comme “étudiants et étudiantes” peut désigner “les élèves”. “Les boursiers et boursières” peut aussi se formuler en écriture inclusive “les bénéficiaires d’une bourse”.

Utiliser le masculin et le féminin

Lorsqu’un message s’adresse à un groupe mixte, l’emploi du féminin et du masculin est recommandé. Par exemple, on écrit “bonjour à tous et à toutes” ou bien “les utilisateurs et les utilisatrices”. L’ordre des mots se fait par ordre alphabétique. L’accord se détermine en fonction du sujet le plus proche du verbe. Ainsi, on écrit “les hommes et les femmes sont belles”. C’est ce qu’on appelle l’accord de proximité en écriture inclusive.

Éliminer les formulations sexistes

Certains mots français sont chargés de stéréotypes. Officiellement, ils restent utilisables mais sont déconseillés. De ce fait, “mademoiselle” s’efface progressivement dans les administrations. D’autres formulations sont facilement modifiables. Les “droits humains” remplacent ainsi “les droits de l’Homme”.

Utiliser le point médian

Lorsque la double désignation est impossible, le point médian renvoie à la mixité. Il s’agit d’une contraction du féminin et du masculin sous forme de ponctuation standardisée. Son usage permet d’accorder les mots en genre et en nombre ou d’effacer la binarité. De cette manière, on écrit “un·e directeur·ice” pour désigner “un directeur ou une directrice”. A l’oral, on utilise la double désignation. 

Toutefois, le point médian peut poser certains problèmes de lisibilité. C’est le cas des personnes qui ont des troubles liés à la lecture ou à l’écriture. Celles qui apprennent le français peuvent aussi rencontrer des difficultés. Cette forme d’écriture inclusive est perçue comme une gymnastique cognitive peu accessible.

Toutefois, les personnes dyslexiques sont en mesure de lire des textes avec des points médians. Célia Guerrieri, professeure aussi dyslexique, l’a expérimentée avec ses élèves. Selon elle, son usage est acceptable uniquement lorsqu’il est ponctuel.

On retrouve parfois d’autres écritures dans le même objectif (dans des cadres moins officiels). Les terminaisons féminines sont intégrées par un tiret (-), une majuscule, ou bien en un seul mot (ex : toustes). Sur clavier, des raccourcis permettent d’utiliser le point médian. 

raccourcis clavier point médian

Les usages officiels de l’écriture inclusive : prises de position et législations

Les réticences envers l’écriture inclusive sont surtout observées chez les partis et personnalités de droite. On observe toutefois certaines évolutions.

En 2008, le Conseil de l’Europe a adopté une recommandation visant à « l’élimination du sexisme dans le langage et la promotion d’un langage reflétant le principe d’égalité entre les femmes et les hommes ». En 2015, un guide a alors été publié pour la mettre en application.

L’Académie Française est une institution de référence pour les usages linguistiques. En 2019, elle a approuvé la féminisation des fonctions et des titres. Cependant, elle reste opposée à l’écriture inclusive. Le point de vue et l’autorité morale de cette Académie sont régulièrement remis en question. Et pour cause, sur 4 siècles d’existence, elle compte seulement 8 femmes pour 729 académiciens. 

Jean-Michel Blanquer, actuel ministre de l’Education, a proscrit l’écriture inclusive dans les écoles. Le point médian, une pratique parmi tant d’autres dans le langage ouvert, est la plus contestée. Elle constitue la pomme (ou le point) de discorde de cette circulaire datant de mai 2021.

Dans les universités, les médias, les réseaux sociaux ou les administrations, un langage neutre se développe. Dès lors, la langue répond au changement social.

Be the first to comment on "Ecriture inclusive : explications et usages d’une rédaction non sexiste"

Leave a comment

Your email address will not be published.


*


%d blogueurs aiment cette page :