Pendant cette pandémie, on a souvent entendu parlé des étudiants qui n’en pouvaient plus, qui prenaient des médicaments, qui pleuraient tous les jours, qui faisaient des dépressions. Heureusement, tout le monde n’est pas dans ce cas et ici, on va vous présenter l’interview de trois étudiants qui vivent bien cette situation.
– Comment vis-tu la situation actuelle ?
Lisa : Je pense que je me sens tout d’abord assez lassée par les incohérences dans la gestion de la crise. En général, le fait qu’on ne puisse pas se projeter est assez agaçant, car on ne sait pas quand on va revenir à l’IUT. On ne sait pas comment organiser nos vacances ni nos sorties. On ne sait pas quand on va reprendre une vie plus ou moins normale. Et dans le fond, j’aime bien suivre les cours chez moi, car je gagne deux heures de sommeil. Je paye moins cher les transports (comme j’habite loin, je mettais en moyenne 1h30, voire plus).
Et quand je suis chez moi, je peux faire deux, trois ou quatre choses en même temps. J’ai moins la sensation de perdre mon temps. Après je décroche beaucoup plus vite c’est vrai, mais au moins à distance je me sens plus à l’aise. Tu vas à ton rythme et t’as toujours tes amis autour de toi pour t’épauler.
Alexis : Plutôt bien en vrai, j’habite assez loin de Lyon, donc je n’ai plus les trajets à faire tous les jours. Je peux dormir beaucoup plus, faire du sport tous les jours, faire des sorties, pour manger c’est plus rapide. C’est plus facile d’allier études et occupations, car on a plus de temps. Je peux beaucoup plus lire, regarder des films et des séries. Après, c’est toujours embêtant de ne voir personne et de passer huit heures par jour sur son écran, c’est très fatigant.
Cassandre : Je vis assez bien la situation car ça m’évite de faire deux heures de transport tous les jours, c’est donc un vrai gain de temps. Je me lève maintenant à 7h45 alors qu’avant, je me levais à 5h55. Au niveau des notes, c’est beaucoup mieux car il y a moins de pression et j’ai plus le temps de travailler. C’est plus simple scolairement parlant, mais ça ne l’est pas socialement parlant. Et surtout très important, j’ai fait des économies incroyables ! Il n’y a pas le Crous à payer, je garde quasiment toute la bourse pour moi et mes plaisirs.
– Est-ce que tu as envie de retourner en cours ?
Lisa : Non j’ai pas envie. Officiellement, je dirais surtout que la motivation ne sera plus là, car j’ai pris goût à la distance. Et les cours en hybride ne sont pas mieux car, le sentiment de solitude est encore plus intense. Chez moi, j’ai ma famille et mes chats. Et quand je suis en hybride, je prends les transports pendant 1h30 seule. Je vais en cours seule, je mange seule. Je repars en cours seule et je rentre chez moi seule. De 6h30 à 19h30, je suis seule et je ne parle à personne et c’est ça le pire. Mes amis sont dans l’autre partie de la classe, ce qui n’arrange pas la situation. Le retour en cours va être très difficile psychologiquement et la motivation ne sera donc pas au rendez-vous.
Alexis : Sincèrement non, je vais devoir me lever tôt à nouveau, rentrer tard. Et puis j’ai retrouvé ma motivation et je suis bien chez moi.
Cassandre : Les gens me manquent, l’interaction sociale me manque et pourtant, je n’ai absolument pas envie de retourner en présentiel. Si j’y retourne, je n’aurai clairement pas mon année, mon écoute est moins bonne en distanciel et je pense que le retour en présentiel ne vas faire qu’empirer mon retard. Donc je préfère rester chez moi à un peu plus déprimer, mais au moins avoir mon diplôme à la fin.
– Quels sont les bon moments que tu retiens de cette situation ?
Lisa : Les bons moments, je dirais que c’est surtout le fait que je suis plus souvent avec ma famille et mes chats. Je n’ai pas l’impression que ma vie ne se résume qu’au métro boulot dodo. Pendant une pause, je peux très bien sortir promener le chien, faire d’autres choses qui n’ont rien à voir avec l’IUT. Je ne subis pas ma vie d’étudiante et je profite de la situation pour cela. Même si parfois les soirées et les bars ça me manque. Je sais que ça reviendra un jour mais là, j’en profite pour me recentrer sur moi-même, mes passions, mes projets et mon avenir.
Alexis : Le fait de gagner du temps, de pouvoir sortir entre les cours, de pouvoir jouer à la console, mais aussi de pouvoir mieux manger. En fait, cette période permet de se recentrer sur soi-même.
Cassandre : Je sais que pendant le premier confinement, il y avait une fille en option communication qui habitait à côté de chez moi et on pouvait faire les cours ensemble. Et socialement parlant, ça faisait vraiment du bien. J’ai aussi pu me concentrer à d’autres activités, car j’avais plus de temps. J’ai par exemple fait de la peinture, de la photographie, des vidéos. Je me souviens une fois, on s’est dit avec ma copine : « viens on fait de la peinture et on se filme ». Et on a fait ça, c’était génial, on a vraiment beaucoup rigolé et c’était un moment mémorable parce que juste pour une fois, on pensait à autre chose.
– Est-ce que tu as des propositions, des solutions pour aider ceux qui vont mal ?
Lisa : Je pense qu’il faut savoir décrocher de ses études. Sinon, on est enfermés dans un cercle vicieux. On ne connaît plus les frontières entre la vie privée et les études. Il faut prendre du recul, ne pas se démener au travail. Prendre le temps de faire des activités qu’on aime en intérieur, mais aussi en extérieur, quand c’est possible. Par exemple, aller au marché ou promener son chien. Le bonheur est fait de petits moments futiles à ne pas négliger.
Alexis : Pour moi, la meilleure solution c’est de faire revenir en présentiel ces personnes qui ne vont pas bien.
Cassandre : Personnellement, pendant le premier confinement je m’étais mise au sport avec ma voisine. Et comme j’ai déjà dit, je pense il faut juste se redécouvrir soi-même dans des activités qui peuvent se faire à la maison. Il faut juste se changer les idées. Et je pense qu’aussi, qu’il faut tout simplement être à l’écoute de ces personnes qui vont mal. J’ai essayé d’envoyer des messages à ceux qui vont mal pour les aider. Les conseiller de se faire prendre en charge par des médecins. Si on est en travail de groupe, essayer peut-être aussi de leur alléger la charge de travail. Quand je ne vais pas bien, ce que je fais, c’est que j’appelle une amie qui ne me jugera pas.
NB : Pour ma part, c’est pendant cette période où j’ai été la plus productive. Et il me fallait absolument des activités pour sortir de ce cercle vicieux. J’ai profité de mon surplus de temps pour faire des activités simples et qui remonte le moral. Je me suis mis aux dessins et au maquillage, avec des tutos sur YouTube. J’ai passé des certifications pour améliorer mon CV, j’ai fait du bénévolat dans plusieurs associations. Je fais aussi régulièrement des sessions Discord avec mes amis où on joue au Loup-Garou, à Among us, au Tic-Tac boom, téléphone arabe, etc.
Finalement, on voit que l’avantage principal du distanciel, c’est le fait de gagner du temps. On dort beaucoup plus, on finit plus tôt la journée et on peut donc se consacrer à nous-mêmes. Mais le fait de ne pas voir les personnes physiquement, reste quand même un manque.
Pour en savoir un peu plus sur les autres étudiants de IUT Lyon 3, c’est par ici : Promotion 2019-2021 INO : c’est parti pour les présentations !
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