Le concours d’éloquence, un exutoire pour l’IUT Info Com

Image par @Solen Feyissa sur Unsplash

En deuxième année, dans le cadre du cours d’expression orale, Mme Goutagny la directrice du département Info Com, organise un concours d’éloquence. Nous sommes à distance depuis octobre, dans notre chambre étudiante, à la maison avec notre famille ou dans notre colocation. Cet exercice d’écriture a pris l’allure d’un exutoire pour la promotion 2019-2021.  

« Ecrivez! Noircir le papier est idéal pour s’éclaircir l’esprit. »

Aldous Huxley, écrivain, romancier et philosophe britannique du 20ème siècle.

C’est peut-être ce dont nous avions besoin, nous éclaircir l’esprit dans une période brumeuse. Nous ne sommes pas des écrivains, mais même ceux qui ne sont pas les plus adeptes à cet exercice s’y sont prêté avec brio. L’écriture vide nos cœurs, comme on vide une vieille malle où les tracas et la solitude se sont entassés depuis mars 2020. Alors, tous les deuxième année se sont pris au jeu du concours. Chacun défendant son sujet avec ses mots, ses virgules, ses points, parfois même d’exclamation et sur son ton. Un exercice qui nous a permis d’exorciser la pandémie et sa claustration, mais aussi de traiter des sujets autres que ce virus qui ne cesse de nous éloigner de nos 20 ans. Avec nos stylos ou nos claviers, nous avons condamné l’homophobie, nous avons mis la lumière sur notre enfermement et notre manque des autres. Une étudiante remaniait avec brio la tirade du nez de Cyrano de Bergerac pour rendre hommage à Samuel Paty. Nous avons traité la loi sur la sécurité globale, les violences conjugales, les libertés publiques et individuelles, les violences policières, l’avortement, la descente aux enfers du secteur hospitalier, la masculinité toxique, le virtuel et ses limites…

« L’écriture c’est le cœur qui éclate en silence »

Christian Bobin, écrivain et poète français.

Pour certains d’entre nous, nous avons traité des sujets qui nous touchaient, que nous avions vécus ou que nous continuons à vivre.  L’homophobie « n’aura ni mes larmes, ni mon dégout », clamait Alexandre. Quant à Philys, elle se questionnait sur les limites du virtuel. Un virtuel qui nous a mis dans un bocal car nous regardons la vie à travers nos écrans et nos fenêtres, « jusqu’où devons-nous aller pour rencontrer le précipice nous forçant à plonger dans le réel ? », demande-t-elle à son écran. Pour ma part, j’appelais à la résistance ! « Je vous le dis, résistez et tentez de vivre ce qu’on nous prend. Nos 20 ans ». Salomé, elle, a rendu hommage à Samuel Paty :

« Quant à moi , je souhaite, à travers ces quelques vers,
Honorer la mémoire d’un simple prof d’histoire,
Qui pouvait fédérer et faire développer la pensée,
Chez des enfants, qui deviendront des hommes libérés ».
Salomé

Le mot « exutoire » est un nom masculin, c’est le « moyen de se débarrasser de ce qui gêne, de ce qui fait difficulté ». Un mot qui a pris tout son sens durant l’élaboration de nos discours. Le temps de quelques semaines, Mme Goutagny nous a transfigurés, nous sommes devenus des écrivains puis des orateurs. Le jour J du discours, ce sont la voix, les phrases et les silences de chacun qui résonnaient, effaçant la distanciation. Parfois même, laissant apparaître l’émotion de certains.

Je terminerais cet article avec les mots d’Anne Sylvestre qui nous a quittés durant l’écriture de nos discours. Des mots qui faisaient écho à ce travail:

« Ecrire pour tenter de dire,
Dire tout ce qui m’a blessé,
Dire tout ce qui m’a sauvé
Ecrire et me débarrasser »

Ecrire, Anne Sylvestre 1986

Pour en savoir plus sur les étudiants de cette année Promotion 2019-2021 INO : c’est parti pour les présentations !

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