Mercredi matin, 8 heures. Une partie des étudiant•e•s de l’option INO ont bravé le froid piquant de février pour se rendre au 247 cours Émile Zola, à Villeurbanne. C’est là que pendant deux heures, ils pourront admirer de plus près la Mlis (Maison du livre, de l’image et du son) de Villeurbanne, et plus particulièrement, son artothèque. Valérie Sandoz, attachée de conservation du patrimoine et professeure vacataire à l’IUT Jean Moulin Lyon 3 a décidé de rendre son cours plus vivant en amenant ses élèves directement au cœur du sujet. Le cours « Projet de dématérialisation » est bien mal nommé puisqu’on y évoque le monde de l’art et les différents métiers qui gravitent autours des œuvres (galeriste, commissaire d’exposition, conservateur•ice…).
L’artothèque de Villeurbanne, un lieu pas comme les autres
Inaugurée en 1988 par François Mitterrand, alors Président de la République, Jack Lang, Ministre de la Culture, et Charles Hernu, Maire de Villeurbanne, la Mlis est un lieu étonnant. Son architecture a en effet été réalisée par Mario Botta. Comme la plupart de ses œuvres, le bâtiment reprend des formes simples, comme des cercles, des carrées ou des rectangles. La façade aussi a été étudiée pour se fondre dans le tissu urbain. À hauteur d’homme, la porte d’entrée de la Mlis passe presque inaperçue et reste discrète au milieu des autres immeubles.
C’est une fois à l’intérieur que le charme opère. Comme le dirait les compagnons du Docteur en entrant pour la première fois dans le T.A.R.D.I.S. : « It’s bigger on the inside! » (ou bien Harry Potter et ses tentes portatives qui abritent de véritables appartements, selon vos références). En effet, la médiathèque est organisée autour d’un puits de lumière qui ouvre l’espace de manière impressionnante. Le béton, matière omniprésente des murs et piliers, ne fait que renforcer la réverbération et le sentiment « brut » de cet environnement.
Une artothèque, qu’est ce que c’est ?
C’est là tout l’objet du cours : le ministère de la Culture, ses missions, ses objectifs… Mais aussi le monde culturel en général et les métiers qui en découlent. C’est dans une optique de rapprocher l’art et les gens que les artothèques ont été construites dans les années 80. L’idée, c’était de mettre à disposition un fonds d’œuvres d’art contemporaines pour usage privée, afin de montrer l’histoire de l’art récente et de rendre visible la création actuelle. L’artothèque de Villeurbanne par exemple, propose plus de 1300 œuvres de près de 600 artistes contemporain•e•s (dont Keith Haring, Sophie Calle, Daniel Buren…). Une carte de la médiathèque, c’est tout ce qu’il faut pour emprunter jusqu’à 13 œuvres pour une durée de trois mois. Une artothèque, c’est ça : faire rentrer l’art chez les gens, parce que les gens ne viennent pas forcément à l’art. Sensibiliser, désacraliser, rendre accessible, un art qui n’est pas toujours bien connu.
Une offre culturelle alléchante
Afin de renforcer son rôle de sensibilisation à l’art contemporain français et international, l’artothèque de Villeurbanne propose également un espace d’exposition et de performance pour des artistes actuels. La Cinquième Saison, l’exposition que les étudiant•e•s ont pu observer de plus près, met par exemple en avant l’américain Marc Dion. Une corneille noire, perchée sur un butin d’objets précieux (ou du moins brillants), surplombe l’espace d’exposition. En dessous, les étudiant•e•s ont pu observer un ensemble d’œuvres graphiques, d’installations, de l’artiste, dont un étonnant papier peint habillant les piliers de béton. Célébré dans de grands musées à l’international, n’hésitez pas à aller voir les productions de Marc Dion en personne jusqu’au 7 avril 2018.
Des étudiant•e•s en coulisses
Avant de repartir dans le froid de l’hiver, les étudiant•e•s ont pu passer la tête dans la réserve de l’artothèque. Les œuvres réservées y attendent patiemment leurs propriétaires (pour la plupart des écoles primaires de la région), aux côtés des compositions ayant besoin d’être restaurer. Ces dernières sont rares, car l’artothèque de Villeurbanne tient à aller jusqu’au bout dans sa démarche de désacralisation de l’art : tout comme un livre emprunté en bibliothèque, c’est aux propriétaires successifs de faire attention à l’état des œuvres afin qu’elles puissent être appréciées par les personnes suivantes.
Mercredi matin, 10 heures. Le deuxième groupe de l’option arrivent pour suivre à leur tour la petite visite guidée. Les autres ressortent de ce lieux pour le moins singulier avec de nouvelles idées de décorations en tête.
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