La vie d’étudiante en DUT Information Communication à distance c’est incroyable. Enfin, c’est une aventure particulière.
Le DUT, c’est un mix entre le lycée et la fac : des CM, des TD, des TP, de l’autonomie et des travaux de groupe (beaucoup), des 8h-18h ou des 10h-16h, des classes de 24 ou de 14. Le DUT, c’est un pied dans le monde du travail et un de l’apprentissage. C’est « professionnalisant », comme on disait. Le DUT, c’est du courage, de la volonté et des tas de matières variées et enrichissantes.
Puis soudain, sans prévenir, il est arrivé et a chamboulé nos « habitudes » : le Coronavirus. Le semestre 2 a été… particulier. Il a fallu mettre en place au mieux des cours à distance et valider notre année. Insouciants, nous pensions retrouver notre vie d’étudiant, quand, dès le mois d’octobre 2020, nous avons mis sur pause cette « vie », sans savoir quand est-ce désactiver ce mode.
J’ai quitté mon lycée avec des rêves plein la tête, mais je n’ai pas eu le temps de dire « ouf » qu’on m’a enlevé ma vie, mes envies, mes espoirs.
Nous ne sommes pas en BTS, ni en prépa dans des lycées, donc nous n’avons pas encore pu retourner en cours en présentiel. Nous devons rester chez nous. Perdus face à cette incompréhension, cette incohérence. Dans quelques mois, certains d’entre nous, vos successeurs, rentreront sur le marché du travail, et n’ont encore aucune piste pour s’insérer correctement. Nous avons un pied sur chaque barque, et au moindre coup de vent nous nous renversons.
Mon quotidien d’étudiante en DUT Information communication dans 18m²
Lundi 8 février 2021 – 7h30 : Depuis la reprise au retour des vacances de Noël je n’y arrive plus. Reprendre le rythme est trop dur, alors je décale mon réveil jusqu’au maximum.
7h45 : Je me lève, si j’y arrive car souvent, je cherche le lien du cours avant même de sortir du lit. Je passe à la salle de bain, à deux pas de mon lit, et me rince le visage et me dis « Léa, tu dois faire les courses aujourd’hui ».
8h : Mon premier cours, on étudie des textes d’ailleurs, on a un devoir de groupe à rendre jeudi. J’hésite à rester sur mon lit ou me mettre sur la table. Sincèrement, c’est un peu dur de suivre, de comprendre et d’avancer. Alors, oui, j’ai mis le volume fort et ranger mon appart. Puis je me suis souvenu qu’il fallait que je regarde mes mails pour mon stage. Rien, toujours. En même temps, je n’ai « pas assez d’expérience ». Mais je relance par téléphone une candidature ; mon interlocutrice me dit de renvoyer mon CV et ma lettre de motivation, je pense que c’est bien parti, je rappellerai fin de semaine. Puis, il est temps de travailler en groupe sur notre sujet « Le contrôle, un outil pour la démocratie. »
10h : Je suis fatiguée, ce week-end j’ai travaillé mais je ne vais pas me plaindre de ce boulot, moi il m’est devenu indispensable. Je regarde mon frigo et ce que ma mère m’a donné dimanche soir. Je décide de descendre en bas de chez moi : œuf, lait, gruyère, une patate douce, nouille chinoise, yaourt citron et vanille, soupe de légumes et soupe tomate. J’aime bien regarder les prix, mieux je fais des économies, mieux c’est.
11h : Cours 2. Il faut savoir que je n’arrive pas à mettre le son sur mon ordinateur, donc pour parler dans mes cours, je prends mon téléphone. Mais ce dernier a décidé de ne pas marcher. Je l’éteins, le rallume mais pas de son pour l’instant. J’aime bien ce chapitre, mais je n’arrive pas à me concentrer. Je pense à l’année prochaine, au contrôle d’après, à mon patron, à ce que je vais me faire à manger. D’ailleurs, je tends la main pour ouvrir mon frigo.
12h : Tiens bon, dernier cours de la « matinée ». Comme une envie de purée jambon version industrielle. Le son est au maximum, mon oreille écoute mes camarades pendant que mes papilles dégustent mon plat ; et relis deux trois trucs pour le devoir. Finalement, le QCM s’est passé, les 20 questions étaient longues à lire ; une minute par question n’était pas suffisant pour moi, dommage.
14h : Je dois faire du sport, c’est nécessaire. Avec une copine, on arrive à se motiver à distance. Hop hop hop, ni une ni deux, je m’y mets. J’aime bien, car pour la première fois depuis ce matin, mon téléphone est coupé du reste du monde, le mot « Coronavirus » n’apparaît plus à la télévision. Une fois fini, je décide de regarder une ou deux écoles pour l’année prochaine, contacter un recruteur de stage, et autres : 3 mails d’envoyés, 2 appels passés, 1 sans réponse à mon plus grand désespoir. Mon patron m’appelle pour me donner mes horaires de la semaine prochaine. Une copine me demande ce que fais, mais pour l’instant, je ne peux pas sortir.
16h30 : Dernier cours d’information et communication. La professeure est vraiment gentille, bienveillante, et passionnée. Même si ce n’est pas une matière qui m’enchante, sa motivation m’encourage. Je décide de suivre mieux son cours, même si je ne saisis pas tout oui. Ca commence à se faire long, trop long.
18h30 : Je ferme mon ordinateur pour une courte durée. Je prends du temps pour faire ce que la majorité de la population fait le soir : douche, télévision, réseaux sociaux, réflexion sur le repas du soir.
19H45 : Soupe à la tomate, une moitié de sardine au citron et pomme au four. Ce dessert me rappelle ma maman et ma grand-mère : simple, efficace, goûteux et innovant. En même temps, je m’abrutis devant les séries télévisées, oups. Des amis me racontent leur journée en présentiel, d’autres me disent qu’ils n’ont pas eu cours (ils sont en fac.). Je repense à mon avenir, encore, et je doute.
21h : Ma télévision, un cadeau d’anniversaire, est toujours allumée. Elle me tient compagnie. J’ouvre mon ordinateur : orientation, stage, cours, banque, appartement. Ces mots, je les vois, je les entends toujours, ils sont là font partie de mon quotidien. Ce soir encore, je vais remettre mon avenir en question, me demander si je n’ai pas loupé quelque chose dans ma vie. J’angoisse, mais heureusement, mes voisins ont augmenté le son de leur enceinte au maximum. Le bruit résonne dans tout l’appartement, mon verre est à deux doigts de bouger. Mes oreilles sifflent comme souvent face à ce concert privé. Finalement, ma soirée se finit bien, avec un ami, nous débattons sur l’émission L’Amour est dans le pré. Sacrée soirée, ne soyez pas jaloux. On rit, on s’amuse et abuse du second degré. C’est la première fois de la journée que je souris, j’oublie l’instant présent et les problèmes de la vie.
23h30 : Je sais qu’il faut se coucher plus tôt mais je n’y arrive plus : je tourne en rond.
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