Café-débat à l’IUT : peut on séparer l’homme de l’artiste ?

Image prise par les étudiants Infocom

Pablo Picasso, Bertrand Cantat, Kayne West ou encore Gérard Depardieu, tant de noms d’artistes célèbres qui ont fait, et font encore scandale aujourd’hui. Peut-on continuer à écouter, lire ou admirer une œuvre si son créateur a commis des actes graves ?

C’est la question autour de laquelle ont pu débattre les étudiants de l’IUT. Après deux premières éditions réussies, le Café-Débat a fait son retour ce lundi 7 avril. Plusieurs étudiants et une professeure se sont retrouvés au CRDN pour débattre autour du sujet

« Dans quelles mesures peut-on séparer l’artiste de la personne ? ».

« L’œuvre d’art est autonome. Elle existe par elle-même, détachée de son créateur. »

Cette citation du philosophe et musicologue allemand Theodor W. Adorno suggère que l’œuvre d’art, une fois créée, vit indépendamment de la personne qui l’a produite, et a donc une valeur intrinsèque.

Un étudiant a confirmé cela en disant : « On peut entendre de la musique ou voir un tableau et l’apprécier sans forcément connaître l’artiste. »

Pour d’autres, cela dépend de si l’artiste est connu ou pas. Plus un artiste est connu, plus il supplante l’œuvre et plus il devient difficile de penser l’un sans l’autre. Dans de nombreux cas, la renommée de l’artiste apporte aussi de la valeur à l’œuvre.

Peut-on aimer une œuvre sans aimer son créateur ?

Pour certains, il existe bien une différence entre aimer un art et aimer une personne. Il est possible d’aimer et de reconnaître le talent d’un artiste, sans pour autant cautionner ses actes et sa manière d’être.

Pourtant, dans le cas où un artiste aurait commis des actes graves, un étudiant a dit que « Lorsque l’on est renseignés sur l’histoire et les actions de l’artiste, l’œuvre peut perdre de sa beauté. »

Quelqu’un a nuancé en disant que « Dans certaines œuvres on perçoit l’artiste, ses valeurs et ses actions, et dans d’autres non. »

Pour un autre étudiant comme pour le peintre Jackson Pollock, « Chaque artiste peint ce qu’il est. » Cela vaut aussi pour toute autre forme d’art. Cette pensée signifie qu’au travers des œuvres, on perçoit quand-même l’artiste.

Mais comment réagir si l’on apprend qu’un artiste dont on consomme les œuvres et qu’on admire a commis des actes graves ?

Certaines personnes présentent au débat ont dit : « Je n’accepterai pas les futures productions de cet artiste. En revanche, les films ou œuvres qui ont été faites avant ces actes, je ne vais pas les boycotter, mais je prendrai du recul dessus et ne les verrai plus de la même manière. »

Pour d’autres, il est hors de question de continuer à financer des auteurs qui ont commis des actes violents.

En prenant l’exemple des artistes musicaux, un étudiant a dit « Si l’on écoute, cela veut dire que l’on soutient l’œuvre et donc l’artiste et ce qu’il a fait. » Un autre a dit « Inconsciemment, j’ai arrêté de les écouter. »

A l’inverse, pour d’autres, il est possible d’aimer une œuvre sans pour autant soutenir son créateur, puisque celle-ci peut être associée à de bons souvenirs, voire à des personnes ou à des rencontres marquantes.

Une autre question intéressante a été soulevée par un participant : Est-ce qu’on laisse la justice effectuer son travail ou est-ce que le public aussi peut jouer le rôle d’un tribunal et faire justice en censurant les œuvres ?

La réponse qui y a été apportée est la suivante : on peut arrêter d’écouter l’artiste, mais il y a une différence entre le boycotter à titre personnel, et aller l’insulter publiquement
et crier sur tous les toits ce qu’il a fait. Cela n’apporte rien hormis de la haine supplémentaire. La meilleure solution serait, pour les participants, l’indifférence à
l’égard de cet artiste et le boycott.

De la même façon que pour le débat précédent, aucune réponse officielle ou universelle n’a pu être trouvée à cette question. Les participants s’accordent tout de même pour dire que boycotter les œuvres d’un artiste qui a mal agit est avant tout un choix personnel et que chacun réagit à sa façon à cette situation et est libre de continuer à écouter ou non ses œuvres.

Encore un grand merci à tous les participants à ce troisième et dernier débat de l’année ! C’était un vrai plaisir de débattre ensemble dans une atmosphère respectueuse et conviviale.

Merci d’avoir lu l’article, à bientôt pour en lire de nouveaux ! ☕

Article écrit par Aenor Layac

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